Conjuguer voyage au long cours et activités professionnelles : un rêve pour une majorité de « globe-trotters », pour qui l’aventure loin de la France rime souvent avec cassure professionnelle. Faut-il pour autant renoncer à son job en France pour vivre cette « parenthèse enchantée » ? Pas nécessairement. Comme en atteste le projet de Julie Beaudouin et Vincent Hetru, deux entreprenautes bordelais, qui préparent actuellement un long voyage en Asie, dans un cadre assez particulier, puisqu’ils continueront de mener leurs activités professionnelles… A 10.000 kilomètres de l’Hexagone. L’occasion d’interviewer ces « buzz trotters » (du nom de leur projet), avant leur grand départ, pour tout savoir sur cette épopée mêlant web et entrepreneuriat nomade.
Quel parcours vous a amené, ainsi que Vincent, à lancer ce projet mêlant voyage et entreprenariat baptisé « BuzzTrotter » ?
Julie Beaudouin – Nous avons tous les deux créé notre société à Bordeaux, Vincent dans le développement de site internet (www.13pass.com) et moi-même dans la rédaction web (www.mdj-communication.com). Indépendants depuis quelques années déjà, nous souhaitions faire un tour du monde, sauf que nous avons rapidement compris qu’il serait impossible de partir un an en congés sabbatique et laisser nos entreprises plus ou moins à l’abandon.
A Noël dernier, Vincent a reçu un livre qui a changé nos perspectives de départ : « La semaine de 4h » de Tim Ferris. Cet entrepreneur américain a concilié entrepreneuriat et voyage, et livre ses astuces pour réussir à ne travailler plus que 4 heures par semaine, grâce à la sous-traitance et à la dématérialisation du travail. Après avoir lu tous les deux le livre, nous avons décidé de partir 6 mois et d’appliquer une partie des principes de l’entrepreneuriat nomade.
Pouvez-vous décrire l’objectif principal de ce voyage ? Est-ce qu’il a vocation à « prouver » quelque chose ?
L’objectif principal de ce voyage est, en premier lieu, de nous faire plaisir! Nous avions vraiment envie de voyager, de partir loin, de rencontrer de nouvelles personnes et de vivre différemment pendant quelques mois avec uniquement les affaires contenues dans notre sac à dos.
Au-delà de ça, nous pensions que c’était une très bonne opportunité de rencontrer d’autres entrepreneurs et d’autres indépendants et notamment dans des espaces de bureaux partagés (coworking spaces) qui fleurissent un peu partout dans le monde.
Nous sommes tous les deux bien impliqués à Bordeaux dans l’entrepreneuriat et le coworking et nous souhaitions continuer cette dynamique en Asie.
Pourquoi l’Asie ?
Vincent et moi-même sommes très attirés par l’Asie, où nous y avons déjà fait quelques voyages touristiques (Chine, Cambodge, Bali et bientôt Thaïlande), la culture, les paysages, les gens et la nourriture, tout nous plaît ! De plus, ce sont des pays en plein essor, dynamiques et plutôt jeunes qui offrent de nombreuses possibilités pour des personnes qui ont envie de faire avancer les choses.
Vincent a la chance d’avoir rencontré des Cambodgiens, des Coréens et des Vietnamiens pendant ses études à Caen et Aix-en-Provence, nous aurons donc aussi l’opportunité de les revoir au cours de ce voyage.
Comment allez-vous conjuguer « responsabilités professionnelles en France » et votre emploi du temps du temps sur place, qui sera sans doute très chargé, entre temps de transport, découverte, rencontres, etc.
Effectivement, c’est bien là tout le challenge du voyage ! Il faut savoir qu’en tant qu’indépendants, nous n’organisons déjà pas vraiment nos journées de la même façon que lorsque nous étions salariés. C’est-à-dire que nous travaillons moins d’heures dans une journée mais de façon plus effective dirons-nous, ensuite nous sommes tributaires de nos clients : pas de client, beaucoup de temps pour nous et inversement.
Nous savons donc que nous aurons des périodes creuses nous permettant d’avancer dans le pays et des périodes plus chargées où il faudra se trouver un coin avec internet et un bureau pour se poser, le maître mot est donc l’adaptation. Tout ceci sera vraiment à doser sur place, surtout que nous n’aurons pas forcément le même rythme.
Une raison qui a fait que nous avons réduit le nombre de pays à visiter aussi, car nous souhaitons passer plus de temps dans les pays pour se donner l’occasion de véritablement se poser et travailler pendant plusieurs jours de suite.
Cela va nous permettre en tout cas de :
– Nous organiser en amont du départ pour dématérialiser au maximum nos informations et pour les traiter plus facilement sur place.
– Nous adapter aux personnes et aux lieux que nous rencontrerons pour trouver des endroits propices au travail.
– Savoir gérer des urgences même à l’autre bout de la planète !
Qui peut-être un « entrepreneur nomade » selon vous ?
Tout d’abord pour être entrepreneur nomade, il faut comprendre deux notions, celle de l’entrepreneur et celle du nomade. L’entrepreneur est un porteur/créateur de projet(s), passionné par son sujet la plupart du temps. Il n’hésite pas à passer beaucoup de temps pour développer son entreprise, il est indépendant et souvent aime rencontrer du monde pour échanger.
Le nomade est un voyageur qui n’est pas attaché à un lieu en particulier. On peut être nomade dans sa propre ville bien entendu, le simple fait de changer régulièrement de bureau fait qu’on est nomade finalement !
En combinant ces deux notions, nous avons un entrepreneur nomade, prêt à travailler à l’étranger grâce à une connexion internet. La plupart des entrepreneurs nomades sont des entrepreneurs du web, mais la donne va peut-être évoluer au fil du temps avec toutes les nouvelles technologies qui aident à dématérialiser son travail au maximum.
Chacun de nous peut être entrepreneur nomade à partir du moment où vous avez envie de voir du pays, voir du monde et que vous arrivez à vous motiver à travailler même avec la plage devant vous.
Qu’attendez-vous de vos rencontres sur place, sur un plan plus professionnel ?
Nous attendons des choses différentes je pense, même si nous nous rejoignons sur le fait de vouloir connaître d’autres façons de travailler, d’autres façons de voir le web et l’entrepreneuriat. Ensuite, Vincent souhaite travailler à terme avec des personnes en Asie, développer de nouvelles idées et faire connaître son site Wherevent.com.
De mon côté, j’ai envie de partir les yeux et les oreilles grandes ouvertes pour guetter d’autres opportunités de travail, soit changer de voie, soit faire de la formation en entreprise ou chez les scolaires en Asie pourquoi pas… J’ai envie de revenir avec plein d’idées dans la tête pour qui sait, peut-être repartir !