Lors des États Généraux de l’enseignement du français à l’étranger le 2 octobre dernier, Bernard Kouchner est revenu sur la promesse de Nicolas Sarkozy d’étendre, d’ici 2020, la gratuité de la scolarité à tous les enfants français expatriés. Si rien n’est encore concrètement fait pour limiter cette mesure, celle-ci est jugée inéquitable par des rapporteurs indépendants et par une grande majorité des acteurs de l’enseignement à l’étranger. Le gouvernement changera-t-il de cap sur cette question très polémique ? Rien n’est moins sûr.
Les États Généraux de l’enseignement du français à l’étranger ont eu lieu le 2 octobre dernier. Les principaux acteurs de l’enseignement à l’étranger étaient présents lors d’un événement où les projecteurs étaient braqués sur une des promesses de campagne de Nicolas Sarkozy : la gratuité des frais de scolarité des enfants expatriés que nous vous annoncions il y a peu. Le président de la Commission sur l’avenir de l’enseignement du français à l’étranger a livré plusieurs recommandations s’opposant à la gratuité.
Un problème d’équité entre nationaux et expatriés
Le premier chef d’accusation contre la gratuité des frais de scolarité : l’inégalité de cette mesure. Elle s’appliquerait en effet à tous les enfants expatriés français indépendamment du revenu de leurs parents, laissant la charge du financement de l’enseignement aux nationaux étrangers inscrits dans ces établissements.
Cette décision porterait donc directement atteinte au financement des établissements français à l’étranger car les droits d’écolage seraient reportés sur les seuls nationaux étrangers, qui pourraient juger cette décision inéquitable. Un effet dissuasif, qui pourrait avoir pour conséquence de diminuer la part des étrangers inscrits dans les écoles, collèges et lycées français.
Les opposants à cette mesure pensent que ce serait un manque à gagner considérable pour l’état dans la mesure où des dizaines de milliers d’élèves étrangers sont scolarisés dans le réseau.
Les acteurs de l’enseignement du français choqués
Selon les acteurs de l’enseignement du français à l’étranger, la mesure de la gratuité généralisée est jugée « incohérente » dans le contexte de sous-financement de l’enseignement à l’étranger.
Le très réputé Institut Français de Vienne a ainsi dû fermer ses cours il y a deux ans, faute de financement. Les opposants à la gratuité estiment que celle-ci pourrait avoir une conséquence néfaste sur l’activité du réseau d’enseignement du français à l’étranger, actuellement menacée par la flambée des prix de l’immobilier dans certains pays. Sans compter la précarisation croissante des métiers liés à l’enseignement du français à l’étranger, liée au manque de subventions.
Kouchner prêt à faire marche arrière
Le Ministre des Affaires Etrangères Bernard Kouchner est tombé d’accord avec les conclusions de la Commission concernant les limites à apporter à la gratuité de la scolarité à l’étranger. Il souhaite ainsi plafonner cette exemption à un seuil de revenus au-dessus duquel les familles devraient s’acquitter des frais d’écolage. Cette mesure serait accompagnée de l’accroissement du nombre de bourses pour les familles françaises éligibles.
Il reste maintenant au ministre à convaincre Nicolas Sarkozy, jusqu’ici très réticent à toute évolution sur ce dossier.
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Jetez également un coup d’œil à notre dossier, qui vous donne toutes les informations pratiques sur la scolarité à l’étranger.
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